Conclusion

Un petit poème ...


Je vous salue, névrosés !

Parce que vous êtes sensibles dans un monde insensible, n’avez aucune certitude dans un monde pétri de certitudes,
Parce que vous ressentez les autres comme s’ils étaient vous-mêmes,
Parce que vous ressentez l’anxiété du monde et son étroitesse sans fond et sa suffisance,
Parce que vous refusez de vous laver les mains de toutes les saletés du monde,
Parce que vous craignez d’être prisonniers des limites du monde,
Pour votre peur de l’absurdité de l’existence,
Pour votre subtilité à ne pas dire aux autres ce que vous voyez en eux.
Pour votre difficulté à gérer les choses pratiques et pour votre pragmatisme à gérer l’inconnu,
Pour votre réalisme transcendantal et votre manque de réalisme au quotidien,
Pour votre sens de l’exclusivité et votre peur de perdre vos amis proches,
Pour votre créativité et votre capacité à vous extasier,
Pour votre inadaptation à « ce qui est » et votre capacité d’adaptation à « ce qui devrait être »,
Pour toutes vos habiletés si grandes et pourtant inutilisées,
Pour la reconnaissance tardive de la vraie valeur de votre grandeur,                                                                           

Parce que vous êtes humiliés alors que vous veillez toujours à ne pas humilier les autres,
Parce que votre pouvoir immense est toujours mis à bas par une force brutale ;
Et pour tout ce que vous êtes capables de deviner, tout ce que vous n’exprimez pas, et tout ce qui est infini en vous
Pour la solitude et l’étrangeté de votre cheminement


Soyez salués !
                                                         
   

               K. Dabrowski (1902-1980)

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